Rencontre avec les tortues à Sao Tomé

 Morro Peixe est un village de pêcheurs du nord de l’ile, nous voulions y séjourner pour profiter des belles plages alentour, pour vivre la vie locale et pour rencontrer Hipólito.  Il a plus de 20 ans d’expérience dans la conservation des tortues marines, il est chargé de superviser la surveillance des gardes des principales plages de ponte et des aires d’alimentation des tortues marines sur l’île de São Tomé et il est l’un des cofondateurs de l’Association Programa Tatô. Il a voyagé dans plusieurs endroits pour les tortues (Cap vert, Guinée Bissau, Ghana, Gabon ).

Hipólito a créé un petit musée consacré la défense des océans (tortues, baleines, dauphins) et un enclos pour protéger les œufs de tortues.

Nous logeons donc chez Hipólito, malheureusement il est très pris lors de notre séjour à Morro Peixe : conférences dans la capitale et visite dans les villages de pêcheurs pour sensibiliser la population.

Quand il est à Morro Peixe, Hipólito nous parle des tortues avec émotion et passion, il note tout, il a un carnet explicatif, il nous montre les différentes tortues, c’est passionnant. Un soir, il nous emmène à Praia Tamarindos pour tenter d’observer une tortue, malgré l’attente sur la plage, ce sera une nuit infructueuse. Mais le lendemain, nous voyons une trace sur la plage, il n’y aura eu qu’une seule visite cette nuit-là sur praia Tamarindos.

Quand nous lui disons que nous finissons le voyage à Porto Alegre, Hipólito nous donne les noms des gardiens des tortues la plage de Jalé : Fanio et Alcides. Espérons que nous aurons plus de chance que ce couple de français rencontré, qui n’en a pas vu lors de leur séjour de 4 jours à Jalé. 

 A la fin de notre voyage, nous partons à l’extrême sud de Sao Tomé, à Porto Alegre. A quelques kilomètres de Porto Alegre se trouve Praia Jale, une des meilleures plages pour l'observation des tortues.

La première chose que nous faisons à notre arrivée à Porto Alegre est d’aller à Praia Jalé pour voir s’il est possible de réserver un bungalow. Nous avions téléphoné la veille pour réserver, sans succès, les 3 bungalows sont réservés. Nous avons décidé de nous y rendre physiquement pour voir de nous-même, peut-être qu’avec de la chance ? Sur place, c’est un peu le flou, y a-t-il un bungalow de libre ou non, en attendant le verdict, nous dégustons du poulpe tout juste chassé, un délice avec une vue de rêve sur la plage.

A la fin de ce repas, une bonne nouvelle nous attend, nous pouvons passer la nuit à Jalé !

Il faut savoir que « Jalé écolodge » est une installation éco responsable composée uniquement de 3 bungalows et d’un petit restaurant rudimentaire, cet écolodge ne dénature pas le site et reste très discret. Il n’y a l’électricité seulement qu’entre 18 et 21h, pour ne pas gêner les visiteuses de la nuit. Un gardien contrôle nonchalamment les allers et venues depuis sa guerite.

En attendant la nuit, nous nous baignons et nous marchons le long de cette magnifique plage. Attention, ici la mer est houleuse. Nous pouvons voir les nombreux emplacements de nids, indiqués par des piquets avec la date de ponte. 

 Praia Jalé

 La magnifique Praia Jalé

 Instructions dans le bungalow

 Dès la nuit tombée, nous guettons les lumières rouges des gardiens sur la plage, surtout Fanny qui est aux aguets, il lui tarde de rencontrer les tortues !

 Mais d’abord quelques règles d'observation : laisser tranquille la tortue quand elle arrive et quand elle creuse, les photos doivent être prises sans flash bien sûr, il faut une frontale avec une lumière rouge pour les observer. Nous lisons les instructions affichées dans le bungalow.

Fanny voit des lumières rouges, nous y allons, Fanio et son équipe sont là, nous lui demandons de nous appeler dès qu’une tortue arrive.

Nous retournons attendre sur la terrasse de notre bungalow, à contempler la magnifique voûte étoilée, mais aussi prêts à rappliquer à la moindre alerte. Et ça ne tarde pas, juste après l’extinction des feux, Alcides vient nous chercher, demande les 10€ par personne pour l’observation et c’est parti !

Nous rejoignons une tortue en train de pondre, nous sommes seuls avec Alcides qui lève la queue de la tortue pour nous montrer ses œufs. Fanio nous rejoint avec de jeunes portugais qui sont aux anges, nous prenons des photos en mode « nocturne », quel spectacle ! Fanio et Alcides prennent des mesures, les notent sur un carnet. Tout à coup nous entendons du bruit à proximité, une autre tortue est là, mais il faut la laisser tranquille, la laisser trouver le bon endroit et la laisser creuser.

Nous restons focalisés et en admiration devant la tortue qui maintenant recouvre son nid. On voit bien qu’elle fatigue, elle a déjà dépensé beaucoup d’énergie après avoir creusé et pondu, elle pousse des cris rauques, elle recouvre son nid lentement, avec des temps de pause entre deux battements de nageoires.

Après un assez long moment, elle se débat pour sortir du nid et se diriger vers l’océan, nous la suivons et lui souhaitons bonne route quand elle se laisse emporter par le ressac. Les gardiens mettent un piquet avec la date pour marquer l’emplacement du nid.

Que d’émotion de vivre ça en vrai et non devant un documentaire TV !

 La première rencontre

 Donc, pendant que nous observions la première tortue, une deuxième creusait bruyamment son nid dans un endroit compliqué, juste à côté de la piste, sur un terrain herbeux plus difficile à creuser que le sable d’une plage ! Nous devons attendre dans le noir qu’elle finisse de creuser, pour ne pas la gêner. Alcides nous dit que le nid doit avoir une profondeur de 50 cm environ et nous dit aussi que c’est une tortue verte, comme la première.

Certains jeunes portugais sont partis dormir, il est tard, mais l’instant est trop beau et trop éphémère pour aller se coucher.

Comme pour la première, nous la regardons pondre, recouvrir le nid avec de gros claquements de nageoires et des cris rauques, ce n’est pas le sable mou de la plage comme pour la première mais plutôt de la terre, de l’herbe et des bouts de bois. Nous l’accompagnons jusqu’à l’océan.

De loin, nous voyons des lumières rouges en face des bungalows, une autre tortue est venue en reconnaissance. Les traces vues le lendemain matin confirmeront que la tortue s’est arrêtée à quelques mètres de notre bungalow !

Après le départ de la tortue, il est minuit et demi, Fanny est motivée pour continuer l’observation mais moi non je suis fatigué (d’habitude nous sommes couchés à 20/21h à Sao Tomé !).

Nous partons donc nous coucher plein d’images dans la tête et plein d’étoiles dans les yeux, quelle soirée !

la deuxième visiteuse

 Le lendemain matin, pour une fois, c’est Fanny qui est levée avant moi, à 6h30,  impatiente d’aller voir les traces de la nuit. Quelle activité, il y a de belles traces partout, dont celles de nos deux tortues et celle qui s’est arrêtée à quelques mètres de notre bungalow. Il y a eu une sacré activité cette nuit, plusieurs visiteuses sont passées par Jalé !

Nous croisons Fanio et Alcides qui ont passé une nuit blanche à sillonner cette grande plage pour répertorier toutes les tortues, ils vont se coucher. Les jeunes portugais, eux, ont dormi sur la plage.

Puis la pluie se met à bien tomber : « chuva » !, nous prenons le petit déjeuner à l’abri, avant de repartir chez Vado et Mila à Porto Alegre, quelle nuit mémorable !

Les jours suivants nous verrons d’autres traces de tortues sur une plage de l’ile de Rolas et sur praia Cabana, non loin de Porto Alegre.

 Les nids des deux tortues que nous avons observées

 Les traces de la nuit sur la plage

 Les tortues marines sont en voie de disparition, voire en grand danger d’extinction pour certaines, le pays semble avoir pris conscience qu’il faut les protéger, en grande partie grâce à Hipólito et à son équipe du programme Tatô . Une grande campagne de sensibilisation a été mise en place via affichages dans le pays, rencontres avec les pêcheurs et conférences.

Voici des affiches vues dans la capitale :

« Ma vie a plus de valeur que n’importe quel bijou »

 « savez-vous pourquoi les tortues sont protégées par la loi ? »

 N’achetez rien en rapport avec les tortues : des bijoux en écailles de tortue ou des carapaces, n’encouragez pas le braconnage. 

 Voici le lien vers le site internet de Tatô :https://www.programatato.org/?lang=en

 Cette rencontre avec les tortues marines fut un souvenir inoubliable, un grand moment de notre vie de voyageur.

Rappelons-nous que toute vie est précieuse, que notre planète et ceux qui y vivent sont une richesse inestimable et qu’ils doivent être protégés. 

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