Comment rentrer d’un Tour du Monde en famille ?

Voici un article de Marjorie, Rédactrice Web SEO et grande passionnée de voyages. Après un Tour du Monde de 13 mois en famille, elle nous livre ici son avis sur le retour, l'étape souvent la plus difficile à gérer pour les voyageurs. Vous pouvez suivre ses activités sur Facebook : https://www.facebook.com/bliss.redaction.7 Sur Instagram : bliss.redaction.

 


Les familles qui ont fait le tour du monde vous le diront : le plus difficile, ce n’est pas de partir ou de prendre la décision de partir, c’est de rentrer.

L’avant-voyage, c’est grisant. Les préparatifs, l’agenda qui se remplit de tâches plus ou moins urgentes et importantes, le compte à rebours, les achats, la préparation des sacs,  les au revoir,… on court dans tous les sens. On n’a le temps de rien, l'excitation est à son comble, le stress aussi parfois… 

Le voyage, c’est la parenthèse, la grande respiration, le moment magique où tous nos rêves se concrétisent et la plupart du temps, c’est encore mieux que ce que l’on avait imaginé. Le voyage en famille, c’est le partage, la fusion, la découverte, l’émerveillement… en un mot : le bonheur absolu !

Le retour, c’est le dernier vol qui nous ramène chez nous, les retrouvailles avec les proches, la nostalgie qui nous étreint à chaque seconde, c’est l’expérience irracontable, c’est la dure réalité, la reprise de l’école, du boulot, moins de temps pour soi, des vacances qui semblent loin, la grisaille, le froid, le déjà vu, les contraintes… bref pour certains, c’est une claque monumentale.

 

Le retour, c’est la partie la plus difficile du voyage. Le virage le plus délicat à négocier. Rater son retour peut-être dévastateur.

 

Rentrée depuis plus d’un an de notre voyage en famille autour du monde, il me semblait intéressant de revenir sur les fondamentaux du retour. Pas aussi précis que la liste des choses à faire avant le voyage, je reviens ici sur les grands principes qui feront de votre retour, même non préparé, une expérience pas forcément plus facile, au moins plus enrichissante pour vous et votre famille.

Une manière de boucler la boucle en somme et de clôturer avec douceur le chapitre de votre Tour du Monde en famille.  

Prenez votre temps pour rentrer

C’est le premier point abordé, sinon le plus important. Vous avez fait un long voyage, vous l’avez préparé longtemps en amont, vous avez profité de ces longues heures de bonheur tous ensemble en famille : pourquoi vouloir rentrer trop vite ?

 

Bien entendu, la vie quotidienne reprend rapidement le dessus. L’école a recommencé pour vos enfants. Le travail a repris pour vous. Les tâches diverses et variées reviennent aussi vite que vous les aviez oublié. Dans les faits, vos automatismes, vos habitudes, toutes ces choses bien ancrées en vous comme une empreinte ADN : tout ça se remet très vite en place et dans un sens tant mieux parce que ce n’est pas la partie la plus difficile du retour. Vous étiez les rois de l’organisation, du jonglage dans les plannings et des journées multi-tâches : pour ça, le voyage ne vous a pas changé : vous êtes toujours les mêmes qu’avant votre départ et donc vous allez forcément vous en sortir dans le fait de reprendre une “vie normale”.

 

Je vous parle ici de votre esprit. Oui, celui-là même que vous avez laissé là-bas entre l’océan Pacifique et l’océan Indien… celui qui n’est pas encore tout à fait rentré et qui est soumis à un grand stress post-voyage.

 

Laissez-lui du temps, il en a besoin. Ne vous mettez pas de pression inutile.

Personne ne vous a demandé d’être à 100% présent dès votre retour.

Vous ne pouvez pas l’être. Rentrer prend du temps. D’expérience, je dirais presque autant de temps que le voyage en lui-même. 

 

Alors ne culpabilisez pas. Ne faites pas semblant. Laissez-vous le temps nécessaire et ne vous forcez pas. Vous finirez par rentrer, tout doucement, à votre rythme. De toutes façons, personne ne sera dupe. Votre famille, vos amis, vos collègues verront bien que vous êtes encore un peu dans les vapes, déconnectés de la réalité et souvent nostalgiques, pour ne pas dire affreusement tristes. Ils vont laisseront eux-aussi le temps (ils n’auront pas trop le choix;) et un jour, ils verront avec plaisir que vous êtes bien rentrés.

Cultivez les souvenirs mais pas trop !

Oui, votre voyage a été une expérience formidable, incroyable, unique ; l’expérience d’une vie.

 

Voyager et encore plus voyager en famille donne une vision complètement différente des choses et du monde, ouvre les esprits et les coeurs et resserre les liens familiaux.

Pas de souci, on est bien d’accord là-dessus. Je ne reviendrai pas sur tous les bienfaits d’une telle aventure.

 

Oui mais voilà ! N’en faites pas trop avec vos souvenirs de voyage.

Pour une simple et bonne raison : vous aviez une vie magnifique avant.

Si, si vraiment : vous aviez un chez-vous, des amis, de la famille, un conjoint, des enfants, des boulots, des revenus, un confort certain… bref de la chance déjà, beaucoup de chance.

Si vous avez pu projeter ce beau et long voyage en famille, c’est que déjà toutes vos voyants étaient au vert, n’est-ce pas ? ou si vous êtes plutôt branchés ésotérisme ; que toutes vos planètes étaient alignées.

 

Alors cessez de croire que ce voyage a été l’aboutissement ultime de votre vie. Cessez de penser que l’après voyage ne sera pas aussi intéressant. Que plus rien ne vous fera vibrer comme cette année extraordinaire que vous avez passé loin de tous vos repères en vous sentant tellement libres et tellement vivants.

Ce voyage a été et restera une belle période de votre vie et une jolie parenthèse. Mais la vie continue. Cultiver trop vos souvenirs vous empêchera de voir à quel point la vie peut être encore belle et pleine de promesses. Cela vous bloque et cela bloque encore plus vos enfants qui ne comprennent pas que les souvenirs et la nostalgie prennent plus de place que votre vie d’ici et maintenant avec eux.

 

Parlez avec vos enfants de votre tour du monde, partagez vos anecdotes de voyage, regardez les photos et replongez dans vos moments de bonheur mais pas trop !

 

Soyez aussi avec eux dans leur vie d’aujourd’hui, leurs préoccupations d’enfants, leurs inquiétudes même si elles vous paraissent dérisoires ou peu importantes au regard de ce que vous avez pu voir du monde. Les enfants, parce qu’ils sont plus que les adultes dans l’instant présent, ne ressentent pas ou peu de nostalgie et n’ont en tous cas aucun regret.

 

Vous ne pouvez pas leur imposer une tristesse qui n’est pas la leur et qu’ils n’ont pas demandé (je vous rappelle que le tour du monde était votre projet de grands et que le retour aussi l’est forcément).

 

Alors laissez tomber les “c’était mieux avant”, cela rendra service à tout le monde et vous permettra d’avancer sereinement.

Gardez du temps pour vous et votre famille

Vous avez retrouvé le quotidien, les amis, la famille, les activités, les conduites, l’école, les congés-payés, la course contre la montre, les sollicitations… STOP !

Gardez du temps pour vous et vos enfants.

Voilà quelque chose que vous avez appris en voyage. Partager la vie de son conjoint et de ses enfants 24h sur 24 est quelque chose, en plus d’être assez inédit, de très agréable.

 

Je passe sur les témoignages de famille pour lesquelles cela n’a pas été évident tous les jours de se supporter et puisque j’écris cet article, je me permets de parler de ma propre expérience. Pour moi ça a été un vrai régal.

Je ne peux pas vraiment l’expliquer. Peut-être que je suis très fusionnelle avec mon conjoint et mes enfants, peut-être que j’avais parfaitement intégré ce paramètre de vivre ensemble… je ne sais pas... mais passer 13 mois avec les personnes que j’aime le plus au monde a été pour moi, plus qu’une évidence, un vrai bonheur.

 

On se plaint tous assez de ne pas voir nos enfants grandir, de ne pas passer assez de temps avec son conjoint, de ne pas prendre de temps de qualité en famille…

 

Le problème est qu’une fois rentrés, on retombe dans ce manque de temps parce qu’on remplit son agenda de tout un tas de choses. Je me suis aperçue que mes enfants et mon mari me manquaient beaucoup quand je n’étais pas avec eux. Pas plus vite mais plus consciemment qu’avant le voyage. Je suis une vraie mère poule, avant ou après, je n’ai pas changé de ce côté là. Ce qui a changé, c’est que maintenant, je refuse des choses, je ne remplis plus l’agenda, je ne cours plus dans tous les sens. Je garde du temps (du vrai) pour ma famille. On fait des choses tous les 5, comme pendant notre année passée ensemble. On reproduit même parfois nos petits rituels du bout du monde mais ici à la maison et on conserve ainsi le lien.

 

Encore une fois, le but est que les bienfaits du voyage perdurent et que la transition se fasse en douceur. Si vous avez le sentiment que les moments que vous avez apprécié en voyage se poursuivent au delà du retour alors votre retour se passera bien. Pour cela, faites de votre famille une priorité et gardez votre précieux temps pour elle.

Ayez de nouveaux projets

Nous y sommes ! Si vous ne voulez pas être aspirés par le grand vide abyssal et anxiogène du retour, ayez des projets !

Ce n’est pas le moment de vous reposer ou de procrastiner.

Formation, nouveau boulot, nouvelles activités sportives, nouvelles connaissances, nouvelle maison… Faites bouger les lignes.

 

Vous avez su sortir du cadre. Vous avez réussi un projet complètement fou en emmenant conjoint et enfants autour du monde pendant de longs mois. Parfois en vendant tout, en quittant votre job, vos repères, votre confort.

 

Pourquoi en rentrant, ne serait-ce pas la même chose ? Lancez-vous dans de nouvelles aventures. D’abord parce que l’énergie qui découle d’un nouveau projet est la meilleure et la plus galvanisante qui soit. Elle emportera tout sur son passage, y compris votre grosse déprime de voyageur de retour d’un tour du monde.

 

Elle vous aidera à avancer, à relativiser, à vous accrocher et à être heureux. Si, si, autant que pendant le voyage, je vous assure.

C’est fou l’effet que peut avoir un nouvel objectif sur le quotidien. Rien ne semble impossible. On se remet en mode projets et on déplace à nouveau des montagnes.

 

Les enfants vous voient à nouveau positifs et combatifs. Ils sont heureux parce que des parents heureux, ça fait des enfants heureux. Ils seront fiers de vous aussi parce que vous vous challengez à nouveau, même après une expérience de vie aussi dingue et même à vos âges ;). En terme de valeurs éducatives, cela n’a pas de prix. Les enfants agissent par mimétisme. Déjà par le voyage, vous leur avez donné une leçon de vie formidable : tout quitter, prendre des risques, réaliser ses rêves, vivre intensément alors continuez sur votre lancée, ne vous arrêtez pas à cause du retour.

 

Toute la bienveillance dont vous pourrez faire preuve pour accompagner le retour de vos enfants (et leurs quelques angoisses bien légitimes), passera aussi par la dynamique que vous continuerez à donner à votre vie et par ricochet à la leur.

 

Et évidemment, mettez des projets de voyages sur la liste ! Pour continuer à faire découvrir à vos enfants le monde magnifique dans lequel ils vivent, les autres cultures, les autres religions, les différences… 

 

Le virus du voyage est sûrement déjà bien ancré chez vos enfants ; cultivez le encore et encore… mais je pense que sur ce point, vous êtes déjà plus que motivés, n’est-ce pas ?

Faites confiance à votre entourage

Observez et suivez vos enfants

Faites leur entièrement confiance. Ils rentreront avec bonheur et reprendront bien plus vite que vous une vie normale. L’école (ancienne ou nouvelle), les copains, les activités… leur quotidien sera rempli de ces petits détails croustillants qui font la vie et qui pour eux, seront tout sauf insignifiants.

 

C’est la force des enfants. Ils vivent tout à fond. Ils sont sans aucun doute adoré votre voyage mais ils adorent aussi être rentrés parce que pour un enfant, c’est important aussi de faire partis de la vraie vie, d’avoir des copains, d’être entourés. Ils n’ont que faire des états d’âmes des adultes : Qui suis-je ? Où vais-je ?  Quel est le sens de tout ça ? et même s’ils ont soif de découvertes, pour eux, la découverte est au coin de chaque rue. Ils grandissent, ils apprennent constamment, tous les jours, sur eux, sur les autres alors finalement leur vie est déjà une belle aventure et un grand voyage.

 

Laissez-vous guider par vos enfants, ils vous montreront mieux que personne le chemin du retour et accompagnez-les dans leur vie nouvelle avec le sourire.

Comptez sur vos proches et sur vos amis

Ils vous ont attendu. Certains fébrilement, d’autres beaucoup moins. Ils vous ont suivi de près, de loin… passionnément ou juste d’un oeil. Vous leur avez manqué, un peu, beaucoup ou pas du tout.

 

Ils vous ont soutenu, envié parfois mais ils sont restés là.

 

Ils sont restés là et pour eux, rien n’a changé et ils n’ont pas changé non plus.

C’est très important de comprendre ça. Parce que les proches vont avoir un rôle capital dans votre retour.

 

Pour eux, votre retour ne représente en rien le tsunami émotionnel qui vous secoue, vous et votre petite famille.

 

C’est juste une date dans un agenda, l’occasion de belles retrouvailles. L’envie de vous poser 2 ou 3 questions sur votre voyage : les pays que vous avez préféré (si si, elle revient systématiquement celle-là;), si vous vous êtes parfois sentis en danger, si vous avez bien mangé pendant un an (grande préoccupation:). L’occasion aussi de regarder quelques photos et films (mais pas trop quand même) et c’est à peu près tout.

 

Ils se lasseront vite de votre retour d’ailleurs et passeront sans peine à autre chose alors que vous, vous avez l’impression de ne plus avancer et de ne pas retrouver la place que vous aviez avant.

 

C’est une grosse erreur. Vos proches ne vous ont pas attendu pour vivre pendant un an certes (et heureusement !) mais sachez que votre place n’a pas été perdue ou donnée à quelqu’un d’autre.

 

J’ai mis un temps fou comprendre ça. C’était pourtant devant mes yeux : tout cet amour, cette gentillesse, cette bienveillance et cette patience aussi ! Je ne voyais rien de tout ça parce que ce n’était pas mes proches qui ne me rendaient pas ma place, c’était moi qui ne voulait tout simplement pas la reprendre. Ça fait une énorme différence.

 

Et s’ils passaient vite à autre chose, c’est parce que pour eux, mon retour était une formalité.

 

Pas pour moi évidemment… et il ne le sera pas pour vous non plus mais comptez sur vos proches et vos amis, faites-leur le grand bonheur de rester ouvert à leurs démonstrations d’affection et à leurs petits gestes pour vous rendre le retour plus facile.

 

Le premier de ces gestes est de faire comme si de rien n’était, comme si vous n’étiez jamais partis ou juste hier… c’est là la démonstration la plus incroyable de leur fidélité.

 

Vous vous sentez changés, transformés. D’accord, ça se comprend aisément mais ne rejetez pas en bloc votre vie d’avant et les gens qui la composaient. Quand l’on comprend que l’on est plus obligé de choisir entre notre environnement familier et notre soif de découvertes, nos amis fidèles et les nouvelles rencontres… Choisir en somme entre nos racines et nos ailes alors tout s’apaise et l’on peut enfin rentrer. Et rentrer et retrouver ses proches, ça fait du bien !

Faites confiance à la vie !

La vie est une magnifique aventure en soi. Il faut lui faire confiance, laisser son esprit libre et son coeur ouvert aux opportunités.

 

Si la déprime vous ronge, vous ne regarderez que vos pieds et ne verrez pas les signes que la vie vous enverra à coup sûr… Restez confiants et optimistes. Regardez plus loin et qui sait… à l’horizon… il y aura peut-être la promesse d’un nouveau départ...