Dans une pourvoirie québécoise en hiver

Je rêvais depuis longtemps d’aller au Canada en plein hiver, ce rêve, je l’ai réalisé début 2019.  Pour moi il était inconcevable d’aller au Canada en hiver sans pratiquer des activités hivernales typiques du pays.

 Avant de partir, j’avais fait des recherches pour trouver un lieu magnifique où nous pourrions pratiquer toutes ces activités. Ce lieu nous l’avons trouvé, nous avons réservé à la pourvoirie Club Hosanna, située au  bord de la rivière Saint Maurice, avec le parc National de la Mauricie situé juste en face, sur l'autre rive de la rivière Saint Maurice. La pourvoirie est située entre Montréal et Québec et entre Trois Rivières et La Tuque.

 Une pourvoirie est un territoire privé ou gouvernemental dans lequel on trouve des hébergements (chalets, tentes, cabanes, auberge, hôtel,…) et dans lequel on peut pratiquer diverses activités estivales et hivernales, guidées ou non, comme la chasse, la trappe, le canoë, la pêche, la motoneige, la randonnée, le patinage, le traineau à chiens,…

Voici donc notre séjour dans une pourvoirie au Québec en hiver.

 


Notre « cabane au Canada »

Après être allés à l’accueil nous enregistrer auprès de Lucie (la propriétaire), nous laissons la voiture sur le parking, tandis que Max (le propriétaire et mari de Lucie) vient nous chercher en « snowmobile ». Nous chargeons nos sacs et 3 jours de provisions et d’eau potable dans ce véhicule original. Le chalet est à 2.5kms de l’accueil, les seuls moyens de s’y rendre sont la motoneige, le traineau à chiens, la snowmobile ou à pied (avec ou sans raquettes).

 

Après un petit trajet en snowmobile, Max nous dépose à notre beau chalet en rondins : le refuge Canard, situé en lisière de forêt, au bord d’un lac gelé (le lac Canard), l’endroit de rêve !

 

Le chalet a tout le confort nécessaire, il a un poêle pour chauffer (le feu crépite déjà et chauffe bien l’intérieur), il y a du gaz pour la cuisinière et un panneau solaire pour l’électricité. Par contre il a fallu apporter de l’eau potable car l’eau qui coule aux robinets et sous la douche, vient du lac. Sabrina, notre guide nous expliquera plus tard qu’il ne faut pas la boire car les castors, avec leurs déjections, contaminent l’eau qui peut rendre bien malade.

 

Nous avons apporté de France un thermomètre, je m’empresse de le mettre dehors, il fait -12°.

 

Quelle vue depuis la fenêtre !

 

Maintenant il va falloir nourrir le poêle régulièrement pour que le feu ne s’éteigne pas, je me lèverai même dans la nuit pour rajouter des buches. Nous adorons le spectacle, le crépitement et l'odeur d'un feu de bois, chez nous une cheminée ou un poêle nous manque !

 

Dès que nous sommes installés, je m’empresse de chausser les raquettes et de marcher sur la poudreuse profonde qui recouvre le lac gelé.

Tous les soirs, Max passe voir si nous avons besoin de quelque chose. Et tous les soirs, je me fais une petite balade autour du chalet, à la lueur de la frontale, tentant de débusquer des yeux luisants dans l’obscurité, sans succès…

La snowmobile, une autoneige « Bombardier » à chenilles

On n’est pas bien là ?

La vue sur le lac et la forêt             

il y a une bonne épaisseur


Une randonnée raquettes au soleil

Aujourd’hui c’est randonnée en raquettes, il faut profiter de l’épaisse poudreuse et du soleil radieux. Depuis le chalet, plusieurs sentiers sont accessibles, nous choisissons le sentier des cerfs. Nous longeons d’abord le lac pour nous enfoncer dans la forêt.

 

Ma femme étant originaire de Sologne et moi des Landes, nous adorons la forêt, c’est  un plaisir de la retrouver si belle au Québec.

 

Rapidement nous retrouvons un autre lac, plus petit, avec un chalet sur la rive. A partir de là, plus aucunes traces, il faut bien regarder autour de nous pour voir et suivre le balisage. J’adore faire ma trace mais c’est aussi assez fatiguant, mais dans cette forêt magnifique couverte de neige, quel plaisir !

 

Nous voyons beaucoup de traces d’animaux, mais une nous intrigue : comme si l’animal était petit, avec de petites pattes avec le ventre qui traine sur la neige, faisant un sillon. Sabrina (notre guide) nous dira le lendemain que c’était des traces de loutres, elles se laissent trainer et glisser le ventre sur la neige pour se déplacer plus facilement.

 

Le sentier (que nous ne voyons pas sous la neige) nous emmène à un point de vue sur une colline, c’est de plus en plus dur de se déplacer dans cette profonde poudreuse en montée, en plus il fait presque chaud sous le soleil, il fait -2°, nous transpirons !

 

Heureusement la descente est beaucoup plus « fun ».

 

Nous rentrons fourbus au chalet, quelle belle balade !

C’est parti pour une belle randonnée !


Quel plaisir de faire sa trace dans une belle poudreuse !

Les raquettes Quechua « made in Canada »

La journée « Grand air »

Max vient nous chercher à 9 heures pour notre journée au « Grand’air », il nous emmène au lac Cournoyer où nous attend Sabrina, notre guide pour la journée. Nous commençons par la pêche blanche, Max fait des trous pour qu’on installe les lignes, il faut d’abord enlever avec une louche  la neige qui obstrue les trous. Il faut mettre les vers aux hameçons et ensuite dérouler les lignes. Les 5 trous partent du bord vers le centre du lac. Max et Sabrina nous montrent comment installer les lignes.

 

A peine les lignes installées, il y a une touche, Fanny qui est à côté, se charge de donner un coup sec pour remonter la ligne, une belle truite mouchetée est au bout.  On se dit que ça commence bien.

 

Ce matin il fait doux, la température est de 0/1°, avec des averses de pluie, quel changement de temps ! Le cadre est magnifique, le lac est entouré d’une belle forêt.

 

Malheureusement cette première truite n’augurait pas une bonne pêche, il n’y a pas de touches. Sabrina nous montre des techniques pour réveiller les truites et les faire mordre : taper du pied sur la glace (les vibrations les réveillent), bouger la ligne régulièrement pour faire bouger l’appât, dérouler un peu plus de longueur de ligne. Sabrina nous dit que la lumière du soleil les attire, elles sont curieuses et vont à la lumière, malheureusement le temps est couvert, le grand froid les rend léthargiques or aujourd’hui il fait doux…

 

Pour passer le temps Sabrina nous fait gouter au Caribou, un alcool québécois et elle fait un beau bonhomme de neige en attendant que ça morde.

 

Au moment où on fait notre deuil de cette deuxième truite, où on se dit qu’on va ranger les lignes, Fanny voit une touche, c’est à mon tour de remonter cette deuxième truite.

 

Aussitôt pêchées, aussitôt mangées, Sabrina nous les cuisine dans le chalet qui se trouve en bordure du lac, nous mangeons ensemble de la soupe, de la tourte et nos truites avec des patates, tout en discutant. Pour le dessert ce sera la tire à la neige, Sabrina prend de la neige de dehors, fait bouillir du sirop d’érable et nous donne un bâtonnet, on se régale de cette sucrerie !

 

Entretemps le temps s’est rafraichit, la neige remplace la pluie, ouf !

Max fait les trous


La pêche blanche ou pêche sur la glace

La tire sur la neige ou tire d’érable

Après le repas, un peu de motoneige pour nous rendre au point de départ de notre randonnée, nous chaussons les raquettes et suivons le sentier du Ruisseau. Le long de la randonnée, Sabrina nous montre les différentes méthodes de trappe suivant l’animal, les différents collets et pièges. Elle a avec elle les différentes peaux : castor, loutre, pécan, rat musqué, martre, lièvre, lynx, loup, ours,…

 

Nous croisons des traces de lièvres et de renards et nous tombons sur un boulot bien attaqué par un castor, c’est tout récent ! Sabrina nous explique aussi la flore que l’on peut trouver dans la pourvoirie, très intéressant ! Elle est passionnée par son « job » et ça se voit, sa passion est communicative.

 

Le sentier nous emmène à l’accueil de la pourvoirie où Sabrina nous fait visiter le petit musée du père de Max, une grande pièce avec des objets divers représentant le pays et la vie de la forêt québécoise : canoës, des ustensiles de pêche, de chasse, des peaux, des animaux empaillés et surtout 41 « snowmobiles » de marque Bombardier, une bonne conclusion à notre journée « Grand’Air ».

Un castor s’est fait les dents récemment

Le musée de la pourvoirie


Une belle fin de journée

Je réalise un vieux rêve pour finir en beauté

Ce matin il fait -19°, l’hiver est de retour ! Max vient nous chercher à 9h, il nous emmène au chenil.  Moi j’ai une légère appréhension, est-ce que je vais savoir piloter un attelage ? C’est une grande première et un rêve que je vais réaliser. En effet, les chiens de traineau sont mes chiens préférés ( alaskan malamute , samoyède, siberian husky), j’aime leur beauté et leur caractère, je rêve d’en avoir mais ce n’est pas compatible avec ma vie de voyageur…

 

Au chenil, nous faisons d’abord connaissance avec Ulric, le musher et avec deux autres clientes québécoises. Lucie va prendre un attelage. Nous aidons à atteler les chiens qui gueulent d’impatience, ce vacarme, il leur tarde de s’élancer ! Chaque chien n’est pas placé au hasard, ils ont tous un rôle bien défini. Les autres chiens du chenil (il y en a une cinquantaine en tout) nous regardent avec envie, ils aimeraient bien faire aussi partie du voyage !

 

Max nous fait un brief rapide sur la conduite d’un attelage : il nous montre les deux freins (un « cool » et un plus efficace), il nous dit qu’il faut aider les chiens en montée, qu’il faut utiliser le gros frein en descente, qu’il faut que la corde de l’attelage soit toujours tendue.  Il nous dit aussi les mots qu’il faut crier aux chiens pour les diriger : « let’s go » pour partir, « wow » pour s’arrêter, « c’est bien les chiens » pour les encourager. Mon stress augmente d’un cran, vais-je être à la hauteur, les chiens sont excités ! Fanny et moi allons nous relayer aux commandes de l’attelage, je commence, Fanny s’installe dans le traineau.

 

Après le départ, mon appréhension est vite balayée, les chiens sont disciplinés et réagissent de suite aux ordres. Quelle sensation de glisse, le paysage défile et je me sens en osmose avec le milieu dans lequel j’évolue !

 

Il fait froid dans le traineau, avec la vitesse, le ressenti de température est plus froid !

 

En tout cas les chiens ont la pêche, on talonne l’attelage de devant, nous sommes obligés de les stopper ou de les freiner régulièrement pour laisser un peu de distance entre les attelages. C’est marrant de voir le regard implorant des chiens quand on les stoppe, ils nous demandent du regard de repartir vite.

 

Ce qui est marrant aussi c’est de voir les chiens uriner, chier et manger de la neige tout en courant.

 

Nous faisons plus de deux heures de balade dans un paysage vallonné et  grandiose de forêt, à traverser des lacs gelés et le meilleur pour la fin, la piste des montagnes russes, comme son nom l’indique, c’est une succession de montées/ descentes pour de bonnes sensations !

 

De retour au chenil, nous félicitons et remercions chaque chien de notre attelage, merci à eux pour la belle balade. Ensuite nous détachons les chiens pour les remettre à leur niche.

 

Avant de retourner à notre chalet, nous passons voir d’adorables chiots au chalet de Max et Lucie, nous prenons dans les bras ces boules de poils !

 

 Quelle belle matinée, quelles sensations, j’ai réalisé un rêve, tout était parfait ! Et cerise sur le gâteau : Max a pris de belles photos de notre balade qu’il nous envoie par courriel, de beaux souvenirs !

Le soleil se lève, il fait -19°

Allez les chiens, let’s go !

Crédit photo : Max Béland

Crédit photo : Max Béland


Nous recommandons vivement la pourvoirie Club Hosannac'est une entreprise familiale, le cadre est magnifique, la pourvoirie  est étendue, dans un environnement vallonné, forestier, parsemé de lacs et de rivières. Les chalets sont confortables, bien agencés, beaux et bien équipés, bien éloignés les uns des autres pour ne pas être gênés par le voisinage. Nous aimerions y revenir en automne, au moment des couleurs.

L’accueil est chaleureux et personnalisé, ce sont des passionnés et ça se voit, leur passion est communicative.

Merci à Lucie et Max les propriétaires, à Sabrina notre guide et à Ulric le musher.

 

Merci aussi à Quechua et à Decathlon Brossard pour m’avoir permis de tester des raquettes « made in Canada » et à Decathlon Rochefort de m'avoir permis de tester du matériel (bâtons, frontales, jumelles,...).

 

Et pour plus de photos et d'articles sur le Canada , c'est ici!

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Commentaires: 2
  • #1

    Sab (dimanche, 10 mars 2019 18:47)

    Bon, j'adorerai faire tout ça, je le ferai un jour, je vais travailler David... Heureusement on a quelques années devant nous, je ne perds pas espoir ! Biz

  • #2

    selamat jalan (lundi, 11 mars 2019 10:55)

    Il faut que David se fasse violence et soit bien équipé, ce serait dommage de ne pas le faire au moins une fois, au Canada ou en Laponie!
    Bises