Le Népal, ce petit pays himalayen coincé entre les géants chinois et indien, est la Mecque du trek dans le monde.
La plupart des touristes y vont pour marcher dans les belles montagnes de l’Himalaya, à la rencontre des népalais, de leur culture, pour s’imprégner de la vie rurale et pour en prendre plein les yeux.
Après y être allé une première fois en 1999, j’y suis retourné avec ma femme Fanny en novembre 2014, pour entre autre faire le trek du Langtang,
en voici le récit. Namaste*!
Pourquoi avoir choisi ce trek ?
C’est un trek assez facile, court et varié, qui part de 1470m d’altitude pour atteindre 3870m, voire plus si on fait un petit sommet. Il est moins couru que la région des Annapurna ou de l’Everest. Il y a des lodges tout le long du trek, ce qui évite d’emporter tout le matériel de bivouac. De plus, de Katmandu, ce n’est pas trop loin (même s’il faut 8/9h de bus pour faire la centaine de kilomètres qui sépare les deux villes).
Quelques mois après notre passage, un séisme meurtrier avec des répliques faisait des milliers de morts et de sans-abris au Népal en avril 2015. La vallée du Langtang était proche de l’épicentre et a été lourdement touchée. Le village de Langtang a été rayé de la carte par des avalanches meurtrières de terre, de rochers et de neige, il en est de même pour Kyanjin Gompa et d’autres groupements de lodges. Que sont devenus les sourires des népalais croisés lors de ce trek ?
Jour 1 : de Syabru Besi 1470m au Langtang View Lodge (Rimche) 2440m
Comme la veille nous avions mis plus de 12h pour faire le trajet depuis Katmandu (à cause d’une panne) et que nous sommes arrivés tard le soir, nous avons décidé de commencer le trek en fin de matinée. Nous devions récupérer de notre trajet de cauchemar de la veille. Inutile de commencer le trek en étant déjà crevé.
Donc nous partons vers 10h de la Potala guesthouse, ce qui est assez tard. Après l’enregistrement et le contrôle des permis de trek, nous passons notre premier pont suspendu (et pas le dernier !) et traversons le vieux village de Syabru Besi, aux belles maisons.
Ça y est nous sommes en pleine nature, en train de marcher le long de la Langtang Khola!
Moi j’ai un gros sac à dos autour des 15 kg et Fanny un petit sac de 20 litres, nous marchons avec des bâtons. Le début est en plein soleil, ça tape, on voit nos premiers singes langurs sur l’autre rive.
Au bout d’un moment nous passons sur l’autre rive et marchons dans une belle foret de conifères, de bambous, d’arbres moussus où paissent des vaches. Nous voyons d’énormes ruches naturelles accrochées à des falaises inaccessibles. Comme nous sommes partis tard, nous sommes pratiquement seuls.
Nous nous arrêtons manger au Bamboo Lodge. Le cadre est sympa avec une belle cascade. Nous repartons mais la montée se fait plus raide, nous sommes exténués quand nous arrivons au Langtang View Lodge, un petit lodge rustique tenu par une famille sympathique. Nous sommes seuls avec un trekkeur coréen discret et sympa. Nous sommes finalement contents d’être partis plus tard pour finir dans ce lodge plutôt que plus haut, au groupement de lodges appelé Lama Hotel, qui lui est surpeuplé de groupes de trekkeurs.
Dès que la nuit tombe il n’y a plus grand-chose à faire, il fait beaucoup plus froid, on mange et on se couche, il faut récupérer de la journée, on s’endort au son du torrent.
La vallée du Langtang Khola
Les porteurs en tongs lourdement chargés
Les ânes aussi sont chargés
Jour 2 : de Langtang View Lodge au Hilltop guesthouse 3200m
Comme on s’est endormi tôt et qu’on a bien dormi, on se réveille tôt, on se lève à 6h, on est devant le petit dej à 6h30 et on décolle à 7h. On commence la marche dans la forêt, au frais car le soleil n’est pas encore là.
On dépasse Lama Hotel où les groupes de trekkeurs se préparent, laissant les porteurs lourdement chargés prendre de l’avance. Ces porteurs m’impressionnent par leur endurance et leur force, chaussés pour la plupart de tongs ou bottes en caoutchouc.
Plus nous montons, moins il y a de végétation et plus le soleil tape, la montée se fait plus rude, nous souffrons un peu mais la vue sur les sommets est de plus en plus belle. Heureusement le checkpoint de Gora Tabela nous offre une petite pause.
Nous nous arrêtons manger en plein soleil au Potala Hotel, les proprios insistent pour que l’on reste le soir mais nous voulons un peu continuer pour arriver au Hilltop Guesthouse, juste avant Chyamki. Après manger, la dernière montée en plein soleil est rude mais nous arrivons à 14h15, la journée de marche est terminée !
Nous passerons l’après-midi à contempler les sommets, à glander au soleil, à boire du jus de sea buckthorn (une sorte de baie orange), à discuter avec le très sympa proprio de la guesthouse ou avec un couple de français faisant un tour du monde (que je les envie!).
Le coucher du soleil sur les sommets enneigés est superbe mais la température chute dès que le soleil se couche, nous sommes à 3200m. Nous dinons tous dans la salle commune avec les français, une brésilienne et un groupe d'hollandais, l’ambiance est conviviale.
A 20h, tout le monde est dans sa chambre.
La belle foret moussue
La végétation se raréfie, les sommets se rapprochent
La vue depuis le Hilltop Guesthouse
Jour 3 : du Hilltop guesthouse à Kyanjin Gompa 3870m
La nuit a été rude, je n’ai pas l’impression d’avoir beaucoup dormi. D’abord c’est le bruit du vent qui souffle en rafales et je pense que les effets de l’altitude se sont fait sentir, on est à plus de 3000m !
Avant de partir, les proprios appellent le Snow Leopard Lodge pour nous réserver une chambre, ils nous demandent de leur apporter quelques denrées (farine, savon,…), avec plaisir !
Que le départ est poussif en ce qui me concerne, la tête est lourde, le souffle est court.
On passe avec un sentiment mitigé le seul vrai village de la vallée : Langtang. Les maisons traditionnelles en pierre sont belles mais les habitants sont peu accueillants, dès que je sors l’appareil pour prendre en photo une maison, j’essuie un refus… c’est la première fois que cela m’arrive dans le monde !
Après Langtang les paysages changent vite, la végétation disparait, la vallée s’élargit, les sommets enneigés se multiplient, ainsi que les chortens* et les murs à mannis*.
Et moi je souffre de plus en plus, j’ai mal à la gorge, je me mouche, ma tête est lourde, le souffle est court, les jambes sont lourdes, je m’arrête de plus en plus souvent, la moindre petite pente devient un Everest : le mal des montagnes. Fanny veut qu’on échange nos sacs, elle, elle trace, elle a la pêche, elle me met un vent ! Le seul souci de Fanny est la traversée des innombrables ponts suspendus qui tangent quand on les traverse, elle a le vertige mais elle les traverse rapidement sans réfléchir et sans regarder en bas.
Au bout d’un moment on échange les sacs car pour moi c’est un calvaire, je souffre mais ça ne m’empêche pas de prendre des photos et de me moquer de mon état. C’est frustrant car la pente est douce et les paysages somptueux… L’arrivée me semble interminable.
Le proprio du lodge nous attend à l’entrée de Kyanjin Gompa, il s’inquiétait de ne pas nous voir arriver, j’ai bien ralenti la cadence, on a mis 1h de plus à cause de moi ! Il voit mon état et me fait un thé et me prodigue des conseils. On mange, je bois beaucoup d’eau, Fanny me donne un diamox*, on se pose un peu dans notre chambre et je me refais une santé.
Je récupère vite et je ne peux pas m’empêcher d’aller à des points de vue pour contempler les hauts sommets enneigés qui nous entourent, j’en prends plein les yeux. Les yacks et chevaux paissent autour des lodges. Fanny fait une sieste.
Ensuite nous nous baladons vers le gompa (temple) de Kyanjin avec le soleil qui décline, les sommets rougissent, je mitraille, que c’est beau !
Nous dinons avec deux russes et une japonaise accompagnés de leurs guides.
Le village de Langtang à 3330m
Le sympathique couple qui tient le Hilltop guesthouse
Fanny a récupéré le gros sac et elle trace !
L’arrivée à Kyanjin Gompa
Jour 4 : ascension d’un petit sommet à 4300m
Je me lève tôt et je décolle à 7h30 pour faire l’ascension d’un petit sommet d’où l’on a une vue superbe. Je ne suis pas le seul à avoir eu cette idée. Je croyais m’être remis du mal des montagnes mais plus je grimpe, plus c’est dur. J’ai du mal à reprendre mon souffle, mes jambes sont lourdes mais je veux atteindre le sommet !
Le même calvaire que la veille se reproduit mais avec ma volonté de voir un spectacle grandiose, j’atteins le sommet. Et là quelle vue, tous les sommets sont là, dégagés, on voit même le Shishapangma, un 8000 en territoire tibétain.
La japonaise et son guide sont là aussi, elle me propose de me prendre en photo. La descente est exténuante, chaque pas est comme un coup de marteau piqueur dans ma tête et j’arrive en bas vers midi, cassé.
Quelques mots sur le mal aigu des montagnes (MAM): il ne faut pas le prendre à la légère, il peut être dangereux voire mortel. Si j’avais été raisonnable, je serais resté une journée de plus à Hilltop ou à Kyanjin sans monter, pour m’acclimater. Le mal des montagnes peut toucher n’importe qui, quelque soit l’age, la condition physique,… J’ai été frustré car avant ce trek j’ai été plusieurs fois à plus de 4000 voire 5000m d’altitude sans l’avoir (en Equateur et en Bolivie par exemple).
En tout cas, Fanny, elle, est reposée. Moi, à peine arrivé, je m’endors ½ heure, à mon réveil je suis requinqué.
Après le déjeuner, on se balade jusqu’au gompa, on achète du bon fromage de yack, on contemple les sommets au soleil, on achète de la glue pour tenter de recoller les semelles des chaussures de Fanny, il faut qu’elles tiennent jusqu’à la fin du trek ! Le coucher du soleil sur les sommets est comme la veille, superbe !
Une vue à 360°
Au sommet
Le gompa de Kyanjin
Drapeaux à prières et sommets himalayens
Le superbe Langshisha Ri à 6370m
Jour 5 : de Kyanjin Gompa à Gumanchok 2769m
Ce matin petit dej à 7h30 et départ pour la redescente. Le temps est un peu couvert mais ça se dégage au fur et à mesure que l’on descend. Il a fait froid cette nuit, les flaques sont gelées.
On s’arrête au Hilltop guesthouse pour y laisser un paquet donné par le Snow Leopard, on y prend un thé et on achète une paire de chaussettes en poil de yack.
Ensuite on s’arrête à Chunama, manger chez une dame souriante et sympathique. Depuis notre départ de Kyanjin Gompa j’ai en tête de m’arrêter dormir à Gumanchok (Riverside), j’avais bien aimé ce coin tranquille dans la forêt au bord de la rivière, il n’y a qu’un lodge avec 4 chambres. Je préfère ça au surpeuplé « village de lodges » Lama Hotel qui est juste après.
On y arrive en début d’après-midi, on prend une douche chaude au seau, on boit du thé au bord du torrent et on profite de la vue sur le Langtang . Que ça fait du bien à l’arrivée à chaque étape de quitter les chaussures de rando pour mettre des sandales!
Le soir, le soleil couchant fait rougir le Langtang Lirung, pour mon plus grand plaisir.
Nous dinons avec un allemand, une française et leurs guides et porteurs.
Les langurs prennent le soleil
A Gumanchok
Le Langtang Lirung (7246m) au coucher du soleil
Jour 6 : de Gumanchok à Syabru Besi
Aujourd’hui dernière étape du trek, retour au point de départ : Syabru Besi. Cette nuit on a eu la visite d’un rongeur grignoteur qu’on entendait et que j’ai senti sur mes pieds, obligé de lui faire peur à coup de lumière de frontale dans la gueule !
Après un réveil aux aurores et un bon petit dej, c’est le départ à 7h10. Quand on part tôt, il fait frais et on ne croise pratiquement personne. On passe Lama hotel où tous les groupes se préparent à partir, c’est l’usine à gaz cet endroit. Nous on aura choisi que des petits lodges sympas, isolés et bien situés.
La descente est loin d’être reposante car c’est en fait un enchainement d’ «up & down » (montées/ descentes), mais nous sommes en forêt, à l’ombre du soleil qui tape fort et observés par les langurs.
Après la pause déjeuner à Domen, la reprise est dure, le dernier tronçon jusqu’au village est en plein cagnard, avec aussi des « up & down » et aux heures les plus chaudes. Seule consolation, la vue sur les sommets du Ganesh Himal droit devant nous.
Arrivés au Potala guesthouse, on engloutie une bière Everest bien fraiche ! Et Fanny peut jeter ses chaussures aux semelles décollées.
« We did it ! »
Les ruches naturelles accrochées aux parois rocheuses
Les belles maisons du vieux Syabru Besi
Voici donc le récit de notre trek dans la vallée du Langtang. En écrivant cet article j’ai eu une pensée émue au peuple népalais qui a souffert du séisme et de ses répliques. Merci aux népalais pour les sourires et les « namaste » (« bonjour ») échangés au cours de ce trek !
Pour conclure je recommande de vous rendre au Népal, pour faire un trek ou non, mais pour voir les beautés du pays et rencontrer les népalais
accueillants. Mais dans tous les cas votre visite aidera à la reconstruction du pays, n’hésitez pas à y aller et en prendre plein les yeux.
Légende:
*namaste: "bonjour" en
népalais.
*chorten : stupa bouddhique en tibétain.
*mur à manis : sont un empilement de pierres gravées par les pèlerins et déposés en guise d'offrande dans des endroits sacrés ou particuliers.
*diamox c’est un médicament efficace
aussi contre le mal des montagnes.
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Sab (dimanche, 26 mars 2017 20:37)
Belle ascension, bravo !
Par contre il est bien connu que c'est dangereux le mal d'altitude, tu n'as pas été raisonnable... Ça a dû gâcher un peu le plaisir cet état... quel dommage ! Mais Ça valait le coup ! Biz
selamat jalan (dimanche, 26 mars 2017 22:54)
Non je n'ai pas été raisonnable, mais je voulais tellement continuer... Je connaissais aussi la limite, j'ai vu des personnes vomir ou être léthargique à cause de ça, j'en étais pas là! Et en plus je gardais le sourire (sur la photo au sommet) et je pouvais prendre des photos!
Bises.
Manola (dimanche, 26 mars 2017 23:46)
très agréable à te lire....sympa tes partages!!!
Manola (dimanche, 26 mars 2017 23:48)
et bravo à Fanny pour son énergie à aller sur tous ces chemins ! ;-)
selamat jalan (lundi, 27 mars 2017 10:33)
Merci Mano! et oui "bravo" à Fanny qui a encore une fois bien assuré et qui me suit partout dans le monde!
Vieille tata (lundi, 27 mars 2017 11:42)
Encore un magnifique récit qui me fait voyager et m'émeut un peu. Je me souviens effectivement des images aux infos du séisme et de ses ravages, je pense fortement à eux.
Comme dit Sabrina, attention à ne pas trop souvent dépasser tes limites, tu prends des risques, même si je sais que tu es raisonnable, mais quand même.. hein..!! gros bisous à tous les deux.
selamat jalan (lundi, 27 mars 2017 17:06)
Merci "Vieille tata"! Bises de nous deux!
Maxime (mercredi, 29 mars 2017 04:29)
Magnifique article, c'est un plaisir de lire vos expériences, continuez !
selamat jalan (mercredi, 29 mars 2017 12:27)
Merci Maxime, content que ça vous plaise!
Les amis de Sherpagaun (lundi, 21 août 2017 15:47)
Merci beaucoup pour ce récit et pour les photos de votre trek.
Nous aidons le village de Sherpagaun et c'est pourquoi nous conseillons au trekkeur la variante qui, de Syafru Besi à Rimche, passe par le village. Un peu plus difficile et plus longue, elle offre de superbes points de vue sur la vallée du Langtang et une variante intéressante entre l'aller et le retour.
Au plaisir.
selamat jalan (lundi, 21 août 2017 19:00)
Merci beaucoup pour l'info!
Pirotte Annette (mercredi, 06 septembre 2017 20:21)
Bonjour ,c'est un vrai plaisir de vous lire .
Je repars pour la 3 fois au Népal le mois prochain du 9 au 30 ocobre faire un trek au Langtang avec guide ,des conseils à me donner ormis ceux de votre blog ? Merci
selamat jalan (samedi, 09 septembre 2017 13:42)
Bonjour et merci pour le compliment.
Quel beau pays que le Népal! Je ne vois pas d'autres conseils à rajouter....
Bon voyage!